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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/35

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adam bede.

ait pas joui, c’est la faute de son estomac. Et pour la présence du Recteur, il est bien connu qu’il est le bienvenu dans toute la paroisse, où que cela puisse être ; et j’espère et nous espérons tous, qu’il verra notre vieillesse, qu’il verra nos enfants devenus hommes et femmes, et Votre Honneur père de famille. Je n’ai plus rien à dire à l’égard du temps présent ; nous boirons donc à la santé de notre jeune chevalier, trois fois trois hourra ! »

Là-dessus vives acclamations, battement, tintement, retentissement, puis nouvelle acclamation avec force da capo, plus agréables que la musique du plus beau style aux oreilles qui reçoivent ce tribut pour la première fois. Arthur avait senti un léger remords de conscience pendant le discours de M. Poyser, mais trop faible pour diminuer le plaisir d’entendre ses louanges. Ne méritait-il pas, à tout prendre, ce que l’on avait dit de lui ? S’il y avait dans sa conduite quelque chose que Poyser n’aurait pas aimé, s’il l’eût su ; la conduite d’aucun homme ne pouvait supporter un examen trop sévère, et Poyser ne l’apprendrait probablement pas ; puis, après tout, qu’avait-il fait ? Il était peut-être allé un peu trop loin dans ce badinage agréable ; mais un autre homme à sa place se serait conduit beaucoup plus mal, et il n’en résulterait rien ; il n’en devait rien résulter de fâcheux, car, la première fois qu’il serait seul avec Hetty, il lui expliquerait qu’elle ne devait penser sérieusement ni à lui ni à ce qui s’était passé. Vous voyez que c’était une nécessité pour Arthur d’être satisfait de lui-même ; il cherchait à se débarrasser de pensées pénibles par ces bonnes intentions pour l’avenir, qui se forment si rapidement, qu’il eut le temps de se sentir mal à l’aise et de se remettre avant que le discours lent de M. Poyser fût terminé ; et quand vint pour lui le moment de répondre, il avait le cœur tout à fait léger.

« Je vous remercie, mes bons amis et voisins, de votre