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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/49

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adam bede.

plus, s’était parée de toutes les petites élégances qu’elle avait pu se procurer. Quiconque eût pu lire dans le cœur de la pauvre Bessy, eût trouvé une ressemblance frappante entre ses petites espérances et inquiétudes et celles d’Hetty. L’avantage eût été peut-être du côté de Bessy en matière de sentiment. Mais aussi quelle différence dans leur extérieur ! Vous auriez été disposé à rudoyer Bess, tandis que vous auriez bien voulu embrasser Hetty.

Bessy avait eu la tentation de disputer cette course difficile, en partie par gaieté de jeunesse, en partie à cause du prix. Quelqu’un avait dit qu’il y aurait des manteaux et d’autres jolis vêtements, et elle s’approchait de la tente en s’éventant avec son mouchoir de poche, les yeux ronds étincelants de son triomphe.

« Voici le prix pour la première course en sac, dit miss Lydia, prenant un gros paquet sur la table où ils étaient tous, et le donnant à madame Irwine avant que Bessy arrivât, une excellente robe de bure et une pièce de flanelle.

— Vous n’avez pas pensé, je suppose, qu’une si jeune personne gagnerait la victoire, ma tante ? dit Arthur. Ne pourriez-vous pas trouver quelque autre chose pour cette jeune fille et garder cette affreuse robe pour quelqu’une des vieilles femmes ?

— Je n’ai acheté que des choses utiles et solides, dit miss Lydia, tout en ajustant sa propre dentelle ; je ne voudrais point encourager le goût de l’élégance chez de jeunes femmes de cette classe. J’ai un manteau écarlate ; mais il est pour la vieille femme qui gagnera. »

Ce discours de miss Lydia amena une expression presque moqueuse sur les traits de madame Irwine, qui regardait Arthur, tandis que Bessy s’approchait avec force révérences.

« C’est Bessy Cranage, chère mère, dit M. Irwine avec bonté, la fille de Chad Cranage. Vous vous rappelez Chad Cranage, le forgeron ?