Aller au contenu

Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
adam bede.

succomber sous quelque coup bien appliqué, comme un ressort d’acier est brisé par une barre de fer. Ce coup vint bientôt, et Arthur tomba, la tête enfoncée dans une touffe de fougères, tellement qu’Adam ne pouvait plus distinguer que son corps revêtu de couleur foncée.

Il restait debout dans la pâle lumière, attendant qu’Arthur se relevât. Il était porté maintenant, ce coup décisif où il avait rassemblé toute sa force nerveuse et musculaire, et à quoi bon ? Qu’avait-il fait en se battant ? Satisfait seulement sa propre colère, accompli sa propre vengeance. Il n’avait pas retrouvé Hetty, pas changé le passé ; tout était comme avant, et il déplorait l’inutilité de sa fureur.

Mais pourquoi Arthur ne se relevait-il pas ? Il restait immobile, et le temps paraissait long à Adam… Grand Dieu ! le coup avait-il été trop fort ? Adam frémit à la pensée de sa propre vigueur, lorsque, plein de cette frayeur, il s’agenouilla à côté d’Arthur et souleva sa tête en dehors des fougères. Il n’y avait aucun signe de vie ; les yeux étaient fermés et les dents serrées. L’horreur qui s’empara d’Adam le domina complétement et fortifia sa propre pensée. Il ne sentait rien, si ce n’est que la mort était sur le visage d’Arthur, et qu’il était devant lui sans pouvoir le secourir. Il ne fit aucun mouvement, mais resta à genoux comme l’image du désespoir devant celle de la mort.


CHAPITRE XXVIII

un dilemme

Il ne se passa que quelques minutes, — quoique Adam crût que cela eût duré bien longtemps, — avant d’apercevoir un rayon de connaissance sur le visage d’Arthur et une