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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/89

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adam bede.

manière qui lui rendait la réponse moins difficile. Arthur était dans la triste position d’un homme franc et généreux qui a commis une faute lui faisant paraître la tromperie nécessaire. L’impulsion native de rendre la vérité pour la vérité, de répondre à la confiance par un franc aveu, devait être mise de côté, et le devoir était devenu une question de tactique. Ce qu’il avait fait réagissait sur lui, le gouvernait déjà tyranniquement, et le forçait à agir contrairement à ses sentiments habituels. Le seul moyen qui lui parut admissible maintenant était de tromper Adam jusqu’au bout ; de l’amener à avoir de lui une meilleure opinion qu’il ne méritait. Quand il entendit ces mots d’honnête rétractation, ce triste appel par lequel Adam terminait, il fut obligé de se réjouir du reste de confiance ignorante qu’il indiquait. Il ne répondit pas de suite, car il fallait de la prudence et non de la vérité.

« Ne parlez plus de notre colère, Adam, dit-il d’un ton languissant, car l’obligation de parler était un effort qui lui convenait peu ; je vous pardonne votre injustice momentanée, c’était tout naturel avec vos idées exagérées. Nous n’en serons pas moins bons amis, j’espère, pour nous être battus ; vous avez été le plus fort, et cela devait être, car je crois que c’est moi qui étais le plus coupable. Allons, touchons-nous la main. »

Arthur tendit la main, mais Adam resta sans bouger.

« Je n’aime pas à vous répondre « non, » monsieur, dit-il, mais je ne puis vous toucher la main avant que nous sachions clairement ce que nous entendons par là. Je n’aurais pas dû vous parler comme si vous m’aviez fait tort en le sachant, mais j’avais raison dans ce que je disais auparavant de votre conduite à l’égard d’Hetty, et je ne puis vous toucher la main comme si je vous tenais pour ami ainsi qu’auparavant, jusqu’à ce que vous ayez mieux éclairci cela. »

Arthur contint son orgueil et son ressentiment en retirant