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Page:Georges Damian Une sacree noce 1927.djvu/16

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Seul, Hector continuait de porter beau. Pour montrer même à l’assistance qu’il en fallait un peu plus, si on voulait le rétamer, il s’offrit un second verre et l’absorba rubis sur l’ongle.

Il boit sec ton mari, dit Lerondufess à Josépha. C’est bon signe.

Cependant, le nouvel époux était parvenu à obtenir que sa charmante femme passât sa jambe sur la sienne. C’est une situation fort incommode et désagréable, mais elle est de tradition chez les amants qui veulent se promettre, sous la nappe, des affections éternelles et des délices proches. Hector sentait donc son sang couler plus vite dans ses artères, il percevait en sa tête, un tumulte magnifique, et cela lui promettait mille joies peu éloignées. Au surplus, il aurait été bien embêté s’il lui avait fallu définir ces joies, mais enfin, c’est le nom qu’on donne à la corvée de première nuit de noces. Il faut bien l’accepter…

— Si on guinchait un petit chouya ? dit alors Eusèbe Mancharsor, qui avait fait son service militaire aux zouaves et parlait l’argot subtil qui était à la mode sous Mac-Mahon.

— Oui, oui ! hurla Pilocarpitte, de plus en plus saoûle. On va danser.

— Moi, avoua Lerousti, je préfère faire une petite belotte.

— Il y aura de la belotte aussi, approuva Lerondufess. Tout le monde aura du plaisir pour son goût.

Ainsi fut fait. La belotte s’engagea entre les combattants vieillis sous le harnois et qui ignoraient les finesses du charleston et du black-bottom. Mais on avait un