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Page:Georges Damian Une sacree noce 1927.djvu/22

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Et le potard approuva en tapant du pied sur un rythme de gigue du meilleur aloi.

— Allons-y donc, dit le reste de la société.

Dix minutes plus tard, une escadre de taxis emportait la noce entière vers la porte Maillot. En tête, la voiture d’Hector et de Josépha, vernie en rouge écrevisse, menait le train d’un pneu sûr. Dire que pendant le trajet il n’y eut pas ça et là des privautés conquises, sur des genoux trop mal dissimulés, des seins quasi aérés déjà par d’abusives échancrures de guimpes, et même des séants pleins de rondeur et de bon vouloir, serait sans doute une affirmation téméraire. Cunéphine se laissa même investir ou peu s’en faut jusqu’à la porte du donjon. Par chance, une herse de linon crème veillait comme la duègne des infantes. L’huis définitif ne fut — cette fois-là — point vaincu. Seules Pilocarpitte et la Finboudin se permirent des amitiés mal convenables. C’est-à-dire par trop privées d’hommes. Dans leur taxi il n’y avait malheureusement que la vieille Barbausec, qui avait, en sa jeunesse, rôti une multitude de balais et ne s’offensait de rien, avec le père Pissasabau, grand-oncle de la mariée, qui dormit durant tout le trajet. C’est que l’infortuné brave homme avait quatre-vingt-douze ans. On s’explique donc les impudicités des jouvencelles. Au demeurant, Lerondufess, qui aurait dû donner le bon exemple, ne s’avisait-il pas de lutiner lui aussi la charmante, quoique mûre, Mme Odora Lacraquette. Celle-ci, veuve de trois maris, inflammable comme de l’amadou, et alliacée comme du phosphore, faillit donner à l’infortuné Lerondufess une crise cardiaque en l’étreignant si serré que la voix lui faillit à tous les bouts…