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ESCAL-VIGOR

corrupteur, sous peine de faire déshériter aussi Claudie et Guidon par leurs deux vénérables tantes. Michel et Claudie, de plus en plus entichés de leur Dykgrave, renvoyèrent le fâcheux à son église avec force sarcasmes et moqueries. Guidon, qu’il aborda un jour aux environs du parc de l’Escal-Vigor, ne voulut même pas l’entendre et lui tourna le dos en haussant les épaules, en esquissant même un geste plus libre encore.

Cependant les affaires de Claudie ne semblaient point avancer sensiblement. « Voyons, tu ne me racontes rien, dormeur, disait-elle à celui qu’elle s’imaginait être le trait d’union entre elle et Kehlmark. Le comte, ne t’a-t-il point chargé d’une commission, d’un mot spécial pour moi ? » Guidon inventait quelque bourde, mais souvent, pris au dépourvu, il se coupait ou demeurait le bec clos. La maritorne s’emportait alors contre la stupidité de leur intermédiaire et il lui démangeait même de le houspiller et de le brutaliser comme autrefois.

Par tactique, le Dykgrave continuait à visiter assidûment les Pèlerins et à faire l’aimable auprès de la jeune fermière. Elle l’eût souhaité plus entreprenant. Il mettait bien du temps à se décider et à faire sa demande. C’est à peine s’il se fût risqué à