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IV

Un soir, assis sur un banc de la Digue dominant le pays, Henry de Kehlmark et Guidon Govaertz, les mains enlacées, prolongeaient une de leurs ineffables causeries interrompues par des silences aussi éloquents et fervents que leurs paroles…

C’était pendant une de ces arrière-saisons favorables à l’évocation des légendes, dans un cadre de bruyère fleurie et de cieux aux chevauchantes nuées. Au loin, vers Klaarvatsch, par-dessus les futaies du parc, nos amis embrassaient un immense tapis lie de vin, sur lequel le soleil couchant mettait un lustre de plus. Des monceaux d’essarts crépitaient çà et là ; un parfum de brûlis flottait dans l’air humide. Il faisait extrêmement doux, et le soir exhalait comme de la langueur ; la brise rap-