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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/84

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ESCAL-VIGOR

Depuis cette fatale SS. Pierre et Paul, une vocation de dévouement et de sacrifice s’était déclarée lancinante et cruelle en son cœur.

Elle était décidée, elle se rendrait à la prison. Elle verrait Ariaan pour lui pardonner ; elle le disculperait par un sublime mensonge en s’accusant de s’être donnée à lui et de lui avoir caché son âge. Formée comme elle l’était, Ariaan aurait pu croire, de bonne foi, n’avoir séduit qu’une fille majeure. C’en était fait. Elle accepterait d’être la femme du voleur, du repris de justice…

Mais quel mystérieux pressentiment arrêta la jeune fille dans son élan de charité et lui fit entendre que son heure n’était pas encore venue, qu’un être bien autrement malheureux et anathème que ce candide voleur de poules l’attendait quelque part ?

Pourtant elle hésitait encore, de sourds combats continuaient à se livrer en elle, lorsque l’événement rendit pour le quart d’heure tout sacrifice inopportun : Blandine mit au monde un enfant mort.

Ce dénouement désarmait la vindicte paroissiale et coupait court au scandale. La faute étant expiée de cette façon, même la marâtre traita la pauvresse