Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/101

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s’était déjà élevé jusqu’à la notion abstraite de l’ordre pour y puiser la première des règles de sa composition. Il a voulu captiver l’attention des autres hommes ; l’unité d’action, l’unité d’intérêt, la clarté de l’exposition ont été pour lui des moyens de succès, avant que l’esprit d’examen en eût fait des préceptes de l’art.

Jeté sur la terre au milieu de l’immensité des choses, frappé à la fois par le spectacle d’une infinité de merveilles, l’homme n’a rien trouvé au dehors de lui de plus merveilleux que lui-même. Il a étendu son existence sur tout ce qui l’environnait. Son individualité lui a d’abord été connue ; cherchant partout sa propre image il a personnifié les êtres inanimés, les êtres intellectuels, enfants de son imagination. Ceux-ci ont présidé à tous les actes et à tous les phénomènes de l’ordre naturel. Ainsi se manifestaient déjà, à cette première époque de la culture intellectuelle, le sentiment profond d’un lien commun entre tous les êtres, et celui d’un type universel empreint dans l’intelligence humaine pour lui servir de modèle.

Les sciences n’existaient pas encore ; mais le besoin d’expliquer s’était fait sentir. La première