Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/363

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tous d’élever leur âme par l’admiration de ce que leurs semblables ont fait de bon et de beau dans le passé, en d’autres termes d’étendre leur existence. À ce point de vue, le marbre et le bronze transformés en hommage apparaissent comme des agents stimulateurs de nos meilleurs penchants ; ils solidarisent les siècles, indiquent le devoir, éveillent la bienveillance, consacrent la civilisation. Quel exemple nous en trouvons ici même ! Pendant cinquante ans, seuls, quelques esprits d’élite conservent le souvenir de Sophie Germain ; voilà que de toutes parts, anjourd’hui, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, sa biographie est recherchée, son livre traduit, son nom célébré, et, autour du marbre dans lequel elle semble revivre, vos jeunes cœurs battent en écoutant son éloge.


« Ce besoin de justice, d’admiration et, parfois, de réparation, est si bien dans la nature des choses, notre dette est si grande envers nos prédécesseurs, que nombre de bons esprits songent à instituer des fêtes publiques en l’honneur des disparus dont l’œuvre personnelle a servi l’œuvre commune ; ce serait là, à coup sûr, un excellent procédé pour développer l’esprit historique et le sentiment de continuité. Nos pères de la Révolution avaient compris l’importance de cette idée ; plus près de nous, le guide de ceux qui pensent, Auguste Comte, en a démontré la valeur morale.