Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chent, Sophie Germain oublie que la diversité nécessaire des méthodes reste égale cependant à la variété infinie des sujets. L’enchaînement logique et clair des parties, la simplicité source de l’élégance, la sévérité qui sacrifie sans hésiter le résultat d’une inspiration malheureuse, tout cela se rencontre assurément chez le savant comme chez le poète, chez le calculateur comme chez l’écrivain, et l’ingénieux auteur développe en termes excellents ces vérités incontestables mais incomplètes. Sa conclusion, comme toute proposition générale, ne serait utile et vraie que si l’on pouvait en accepter les conséquences particulières. La marche de l’esprit humain est partout la même et la séparation qu’on prétend faire entre les facultés de l’esprit n’a rien de réel. Telle est la proposition générale, et l’on pourrait avant de l’accepter, demander à l’auteur si Molière, en s’appliquant aux sciences, aurait pu, suivant lui, devenir un Kepler ou un Newton, et si l’auteur du livre des Principes avait les qualités nécessaires pour devenir le rival de Shakspeare. Si elle se récrie qu’on exagère sa pensée pour la combattre, il reste évident qu’elle a voulu seulement signaler certaines qualités nécessaires et communes à tous les grands esprits dont ces points de contact, si excellents qu’ils soient à signaler, ne laissent la séparation ni moins réelle ni moins profonde.

Sophie Germain dont le style ferme et pur atteste la culture littéraire, semble d’ailleurs, non seulement