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commune. Longtemps on a cru que les Romains étaient inexpérimentés en ce genre de travaux, parce que l’on prenait toujours comme exemple les aqueducs de Rome, considérés comme les plus parfaits et les plus complets des aqueducs antiques, et qui ne comportent pas de siphons. Or, à la vérité, l’hydraulique ancienne présente des spécimens de siphons ailleurs qu’aux aqueducs de Lyon. Mais nulle part ils n’ont fonctionné sous d’aussi fortes pressions, comparables aux plus hautes que subissent les conduites modernes ; nulle part ils n’ont été aussi répétés, ni installés avec une pareille maîtrise. L’occasion s’offrait donc d’établir une comparaison intéressante avec les installations modernes du même genre, d’étudier la résistance dont les tuyaux employés, en plomb, étaient capables d’après leurs dimensions ; enfin d’évaluer la quantité de métal nécessaire, ce qui ouvrait un aperçu curieux sur la production minière et l’activité métallurgique de cette époque. La question des siphons et de tout ce qui s’y rattache occupe donc, dans le présent ouvrage, une place importante.

III

Une monographie, si minutieuse et si complète soit-elle, risque de s’égarer en des considérations d’intérêt très secondaire, et d’autre part de laisser en suspens bien des questions, du moment qu’elle se contente des seuls éléments d’information que lui fournit son objet même. C’est précisément l’imperfection à signaler dans les études précédentes sur les aqueducs de Lyon, quelque recommandables qu’elles puissent être d’ailleurs. La plupart des erreurs qui s’y rencontrent proviennent de ce que l’on n’a pas pris la peine d’éclairer les points douteux par la comparaison avec les autres aqueducs antiques, et par l’étude, soit des auteurs anciens qui ont abordé les questions d’hydraulique, soit des écrivains modernes, français ou étrangers, qui, depuis la renaissance jusqu’à nos jours, se sont occupés des aqueducs romains. J’ai donc pris le parti de me renseigner sur quelques-uns de ces autres aqueducs comme si chacun d’eux devait faire l’objet direct de ce travail, lequel est devenu ainsi non plus une simple description des aqueducs lyonnais, mais, à vrai dire, une étude comparée d’archéologie sur les adductions d’eau.

C’étaient les aqueducs de Rome qu’il importait d’abord de connaître, et pour cela le premier guide à prendre était le commentaire de Frontin (Sextus Julius Frontinus), curateur des Eaux sous