Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/137

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réussir à cette entreprise ; et puis, point de permission. Je courus au prince Repnin qui, sans attendre mon conseil, marcha avec le centre vers le retranchement, pour faire une diversion, et dégager les détestables carrés de Suvarow, qui auroient été abîmés avant de rentrer dans le camp : ce mouvement eut un plein succès.

Je tâche d’entretenir l’union de Repnin avec Potemkin, tant que je peux, moyennant la Bible, dont celui-ci fait grand cas, et le Martinisme qui a rendu l’autre aussi doux qu’il étoit autrefois difficile à vivre. Il met ses humiliations au pied du crucifix, me dit-il toujours. C’est un homme qui joint la plus grande exactitude à la plus belle valeur. Voici une occasion où tous les deux en ont montré une très-brillante. Le prince de Nassau nous mène dans sa barque, le prince Potemkin et moi, reconnoître la place de très-près du côté de la mer ; on nous salue par beaucoup de mitraille, on nous accompagne à coups de canon ; nous voyons ce que j’avois dit au mois de Mars, c’est-à-dire la tour et l’angle de cette muraille qu’il faut battre en brèche. Une foule de Turcs se jettent dans des petites barques attachés à la muraille, pour tirer sur nous ; d’autres les détachent pour courir