Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/139

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crois pas y survivre ; mais, comme j’aime la vie, je prendrai bien mes précautions. Rappelez-moi, et je pars sur-le-champ.

Je suis si pénétré de la situation de Votre Majesté Impériale que je ne puis m’empêcher de satisfaire mon cœur, en lui peignant tout ce que j’éprouve depuis que j’ai reçu hier la lettre dont elle m’a honoré, en date du 27 Septembre. Votre santé m’inquiète, Sire, encore plus que les Turcs, sur lesquels il se présentera sûrement quelqu’occasion d’avoir un avantage ; et le premier mènera sans doute à plusieurs autres. Ce ne sont point mes talens, dont je puis faire hommage à Votre Majesté Impériale, mais ma bonne volonté et mon activité. La caverne la plus affreuse et le défilé le plus désagréable à garder me paroîtront un charmant quartier d’hiver.

Le mois de septembre réparera les malheurs du Bannat, et les non-succès de la Bosnie. Pouvoit-on croire que cet empire musulman délabré eût pu mettre l’empire russe dans le plus triste état ? Le plan des Turcs étoit fort beau, car si le roi de Suède avoit attaqué trois semaines plus tôt, ou plus tard, et si le Capitan Pacha avoit réussi à écraser avec la forêt de mâts qui couvroit le Liman, les pauvres bateaux de pêcheurs, et les galères de cuisine