Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/148

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de cette convention, et le bon Osman sera pris à l’improviste.

Je n’ai pas pu débrouiller dans mon cœur si c’est par bonté ou par envie de mettre encore plus dans son tort cet Osman, qui ne sait au reste guères ce qui se passe, que je viens de lui renvoyer une vingtaine de prisonniers. Ce sont de pauvres habitans des bords de la Save, près de Zabzetch, qui sont venus de ce côté-ci pour cueillir des herbes. Ils ont cru que j’allois leur faire couper la tête devant moi pour m’amuser. Un petit vieux Dervis pleuroit, seulement de ne plus revoir sa femme et ses enfans, à ce que m’a expliqué mon interprète. Je ne puis pas peindre le plaisir que j’ai eu à voir l’émotion qu’ils éprouvèrent tous en me donnant mille bénédictions, et élevant leurs mains vers le ciel, en criant et eu invoquant Allah pour moi.

Je ne sais pas si j’ai trop bien fait de passer la Save avec une grosse escorte pour reconnoître Belgrade du côté de Vidin et Nissa : je me suis avancé jusqu’au mont Havala, d’où j’ai été repoussé par l’odeur du repaire des aigles qui l’habitent, et qui y apportent toutes les bêtes mortes qu’ils trouvent.

J’ai manqué me repentir de cette promenade : quatre cents Spahis étoient sortis de la