Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/149

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ville pour couper les têtes de quelques émigrans cachés dans les bois, et qui vouloient s’établir en Syrmie. Tout en cherchant à leur échapper, et faisant faire de petites patrouilles de droite et de gauche, je pensois que si j’avois eu à faire à des Chrétiens, je leur aurois laissé des prisonniers pour éviter d’être prisonnier moi-même ; mais abandonner aux Turcs un seul housard, auroit été un parricide : apparemment qu’ils avoient Néboïssé (mot qui, veut dire couper la tête), comme sait Votre Majesté ; car, après avoir repassé la Save, au moment où ils alloient la suivre pour retourner chez eux, je les entendis chanter et pousser des cris de joie, eux qui ne sont pas ordinairement fort gais : ils me tirèrent des coups de fusil d’un bord à l’autre : mon brave et fidèle adjudant-général Bolza ramassa une de leurs balles à mes pieds.

J’ai fait faire une fausse alarme dans Semlin, pour voir si chacun savoit son poste, et avoit étudié mes instructions. La grande redoute carrée que Votre Majesté a fait construire, et tous les autres points de défense ont été garnis et soutenus dans un demi-quart d’heure.

Ils ont célébré leur Ramazan[1] à boulets,

  1. Carême des Turcs.