Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/15

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mais il l’expose comme s’il ne mettoit aucun prix à en jouir. Sa valeur a ce caractère brillant et impétueux qu’on a coutume d’attribuer à la valeur françoise. On peut soupçonner que dans les dernières guerres le Prince de Ligne eut souhaité qu’on lui offrit plus souvent l’occasion d’exercer sa valeur françoise contre les François : c’est la seule peine d’ambition qu’on aperçoive dans un homme dont il faudroit louer la philosophie, s’il y en avoit à se contenter de plaire et de réussir toujours.

Il a perdu une grande fortune avec une admirable insouciance, et il a mis une fierté bien rare à ne rien faire pour réparer cette perte ; enfin le calme de son âme n’a été troublé qu’une fois, c’est par la mort de son fils aîné, tué en s’exposant dans les combats, comme son père. C’est en vain alors que le Prince de Ligne appeloit à son secours sa raison et même cette légèreté d’esprit qui, non-seulement sert à la grâce, mais quelquefois aussi peut distraire des peines de l’âme. Il étoit