Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/16

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blessé au cœur, et ses efforts pour le cacher rendoient plus déchirantes encore les larmes qui lui échappoient. Cette crainte de paroître sensible quand on s’est permis quelquefois de plaisanter la sensibilité ; cette pudeur de la tendresse paternelle dans un homme qui n’avoit jamais montré aux autres que ses moyens de plaire et de captiver ; tout ce contraste, tout ce mélange du sérieux et de la gaîté, de la plaisanterie et de la raison, de la légèreté et de la profondeur, font du Prince de Ligne un véritable phénomène : car l’esprit de société à l’éminent degré où il le possède, donne rarement autant de grâces en laissant autant de qualités. On diroit que la civilisation s’est arrêtée en lui à ce point où les nations ne restent jamais, lorsque toutes les formes rudes sont adoucies, sans que l’essence de rien soit altéré.

Il va sans dire que l’éditeur ne prend point la liberté de combattre ni d’appuyer les opinions du Prince de Ligne sur divers sujets, manifestées dans ce recueil. On n’a voulu que rassembler quelques traits