Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/216

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plaine jusque sous le canon de Nissa. Sans l’inquiétude que nous cause cet Abdy Bacha, notre siège iroit bien mieux. Je vous embrasse de tout mon cœur.


LETTRE X.


Le 18 octobre 1789.
De Belgrade.


NOUS y voici, dans ce rempart de l’Orient, dont nous n’avons pas ouvert les portes avec des doigts de rose, comme l’aurore, mais avec des doigts de feu. La hardiesse et la promptitude du passage de la Save, la rapidité de la marche et de rentrée dans les lignes du Prince Eugène, l’audace de la reconnoissance, faite jusqu’à la palissade, tout cela est l’ouvrage d’une quinzaine de jours, et c’est vraiment digne du plus beau tems du maréchal Laudon. Il nous montoit la tête et démontoit celle des Turcs : je ne démontois que leurs canons. Il a attaqué Belgrade sur la rive droite de la Save, et moi, sur la rive gauche, où j’étois l’aigle de ce Jupiter dont je portois la foudre.

La prise de la forteresse a été assurée par celle de la ville, qui est due à la plus brillante, la plus éclairée ; et la plus active des valeurs, à