Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/236

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j’ai cru vous entendre. Il m’a été impossible de ne pas me mêler de la conversation, moi indigne, qui devrois toujours écouter sans dire mot ; mais c’est mon cœur qui est un bavard, et non pas mon esprit. J’en ai bien plus que M. de Voltaire le soir en me couchant : car il ne dort pas, dit-il, quand il lit dans les gazettes des critiques ou des mensonges ; et, grâce à Dieu, les mechans ou les sots ne m’empêchent pas de dormir. J’aurois beau me voir blâmé dans une relation signée Gustave, que je croirois seulement que ce n’est ni Vasa, ni Adolphe qui l’ont écrite. Selim au moins écrit fort peu, à ce qu’il me semble ; et cela me fait ressouvenir de quelqu’un qui demandoit, en ma présence, à Belgrade, au Teffterdar, — si les Turcs qui ne savent pas écrire ne faisoient pas unee croix pour signer ? — cela se pratique ainsi chez nous autres chrétiens.

Les deux cents et quelques roubles que M. de Voltaire demande à Votre Majesté Impériale pour ses montres de Ferney, et la crainte qu’il a de déranger ses finances par cette somme, et de l’empêcher de continuer la guerre, m’ont bien amusé. Que diroit-il s’il voyoit les mêmes petites finances fournir à une guerre depuis la mer Caspienne jusqu’à la mer Baltique (en faisant un crochet à la mer Noire