Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/288

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le corps, accablé de sa peine, prend une sorte de repos.

Pour un quart d’heure de sommeil, quel réveil, grand Dieu ! Avant d’avoir retrouvé ses sens encore engourdis, on sait qu’on est malheureux en général ; et quand on commence à en sentir la cause, lorsqu’on croit l’apprendre de nouveau, cet état est pire que la mort.

Je crois avoir déjà dit qu’il faut être le père de ses amis pour en être sûr. Il faut être marié assez jeune pour avoir de grands enfans dont on est à peu près le camarade depuis qu’ils ont vingt ans. Mais il ne faut pas que la faulx fatale se trompe.

On est injuste envers la mort en la peignant comme on le fait : on devroit la représenter en vieille femme bien conservée, grande, belle, auguste, douce et calme, les bras ouverts pour nous recevoir. C’est l’emblème du repos éternel après la malheureuse vie inquiète et orageuse.

S’IL en coûte pour être vertueux, on est bien mal né. Je n’entends pas qu’il y ait de la vertu