Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/336

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Le Cap. Que faites-vous de ce beau présent de la Divinité, où elle trouve bien son compte ? que faites-vous de l’imagination ?

L’Esprit. La folie m’ennuie.

Le Cap. Mais où donc est la vérité ? tout ne pourroit-il pas être une illusion ?

L’Esprit. Point d’illusion. Je ne veux point être déduit.

Le Cap. Et la fumée de la gloire, par exemple ?

L’Esprit. Porte à la tête et la dérange.

Le Cap. Quand même ce beau sentiment que j’ai porté de la créature au Créateur, seroit une ivresse… Voyez un buveur qui croit que toute la terre est à lui.

L’Esprit. Je ne m’enivre jamais. Je vois juste. Je suis philosophe, et qui plus est géomètre. — Mais je perds mon tems à raisonner avec toi, ou plutôt à vouloir que tu raisonnes. Je serois déshonoré si l’on me voyoit parler à un masque comme toi.

Le Cap. Encore un mot, Monsieur.

L’Esprit. Va, je te souhaite à tous les démons infernaux, s’il y en a.

Le Cap. Et moi, je prierai Dieu pour ceux qui sont sur la terre, pour vous, en particulier, qui avez daigné vous abaisser jusqu’à moi, Avez-vous des parens ?

L’Esprit. J’ai un neveu.

Le Cap. C’est heureux d’avoir au moins quelqu’un pour vous fermer les yeux au moment de la mort.

L’Esprit. Belle réflexion, sans doute ! Je ferai