Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/45

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du Rhin est une très-belle chose, me dit-il ; mais le pauvre Prince dépendait de tant de gens : je n’ai jamais dépendu que de ma tête, quelquefois trop pour mon bonheur ; il était mal servi, assez peu obéi : ni l’un ni l’autre ne m’est jamais arrivé. Votre général Nadasdy m’a paru un grand général de cavalerie. — Comme je n’étois pas de son avis, je me contentai de dire qu’il étoit bien brillant et bien beau au coup de fusil, et qu’il auroit mené ses housards dans l’enfer, tant il savoit les animer. — Qu’est devenu un brave colonel qui a fait le diable à Rosbach ? Ah ! c’étoit, je crois y le marquis de Voghera… Oui, c’est cela, car je demandai son nom après la bataille. — Il est général de cavalerie. — Pardi, il fallait avoir bien envie de se battre pour charger ce jour-là, comme vos deux régimens de cuirassiers, et, je crois aussi vos housards : car la bataille était perdue avant de la commencer. — À propos de M. de Voghera, j’ignore si V. M. sait ce qu’il fit avant de charger : c’est un homme bouillant, inquiet, toujours pressé, et qui a quelquefois de cet ancien bon genre chevaleresque : voyant que son régiment n’arriveroit pas assez vite, il courut en avant, et s’approchant assez près du commandant du régiment de cavalerie