Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/46

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prussienne, à qui il en vouloit, il le salua comme à l’exercice : l’autre le lui rendit, et ils s’attaquèrent ensuite comme des enragés. — C’est un fort bon genre ; je voudrois connoitre cet homme, je l’en remercierois : votre M. de Ried avait donc le diable au corps, de faire avancer les braves dragons qui ont porté votre nom avec tant de gloire si longtems, entre trois de mes colonnes. Il m’avoit fait la même question au camp de Neustadt, et j’avois eu beau lui dire que ce n’étoit pas M. de Ried ; qu’il ne les avoient pas sous ses ordres ; que le Maréchal Daun n’auroit pas dû les envoyer dans le bois d’Eilenbourg, et qu’on n’auroit pas dû leur commander d’y faire halte, sans envoyer seulement à l’avance une patrouille : le Roi ne pouvoit pas souffrir notre général Ried, qui lui avoit déplu comme Ministre à Berlin, et il mettoit tout sur le compte des gens qu’il n’aimoit pas. — Quand je pense à ces diables de camps de Saxe, ce sont des citadelles inattaquables : si M. de Lacy avoit encore été quartier-maître-général à Torgau, je n’aurois pas essayé de l’attaquer ; mais je vis bien tout de suite que le camp étoit mal pris. — La bonne réputation des camps donne quelquefois envie de les essayer. Par exemple, j’en demande pardon à