Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/47

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V. M., mais j’ai toujours cru qu’elle auroit fini par tenter celui de Plauen, si la guerre avoit duré, — Oh ! non y en vérité ; il n’y avoit pas moyen. — V. M. ne croit-elle pas qu’avec une bonne batterie sur la hauteur de Dolschen, qui nous commandoit, quelques bataillons les uns derrière les autres dans le ravin, pendant la nuit, attaquant un quart d’heure avant le jour, et donnant une espèce d’assaut à notre camp, entre Coschutz et Guitersée, où j’ai remarque vingt fois qu’on pouvoit avoir un front de trois bataillons ; V. M., dis-je, ne croit-elle pas qu’elle auroit emporté cette batterie, presqu’invincible, ce boulevard, notre pis-aller, et au moins notre asile. — Et votre batterie du Windberg, qui auroit fouaillé mes pauvres bataillons dans votre ravin. — Mais, Sire, la nuit. — Oh ! on ne pouvoit manquer personne ; ce grand’fond depuis Bourg, et même Potschappel eût été une gouttière sur nous : vous voyez bien que je ne suis pas aussi brave que vous le pensez.

L’empereur étoit parti pour son entrevue avec l’Impératrice de Russie : cette entrevue ne plaisoit pas au Roi ; et, pour défaire le bien qu’elle nous avoit fait, il envoya tout de suite à Pétersbourg, fort maladroitement, le Prince Royal : il se doutoit que la cour de Russie