Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/57

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ou des États d’une petite ville qui viennent de 20 lieues, par le coche, à Versailles, pour faire une sotte représentation.

Louis XIV auroit été jaloux de sa sœur Catherine II, ou il l’auroit épousée pour avoir tout au moins un beau lever. Les fils des Rois du Caucase, d’Héraclius, par exemple, qui sont ici, lui auroient fait plus de plaisir que cinq ou six vieux chevaliers de Saint-Louis. Vingt Archevêques, quoiqu’un peu malpropres, avec des barbes presque jusqu’aux genoux, sont plus pittoresques que le petit-collet d’un aumônier du Roi. L’escorte d’ouhlans d’un grand seigneur polouois qui va voir son voisin à une demi-lieue de chez lui, a meilleur air que les Hoquetons à cheval qui précèdent le triste carrosse et les six rosses d’un homme à rabat et à grande perruque : et les sabres étincelans, avec des poignées en pierreries, sont plus imposans que les gaules blanches des grands-officiers du Roi d’Angleterre.

L’Impératrice m’a reçu comme si, au lieu de six ans, je ne l’avois quittée qu’il y a six jours. Elle m’a rappelé mille choses dont les souverains seuls peuveut se ressouvenir : car ils ont tous de la mémoire.

Il y en a ici pour tout le monde, pour tous les genres : grande et petite politique ; grandes