Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/58

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et petites intrigues ; grande et petite Pologne. Quelques fameux de ce pays-là qui se trompent, que l’on trompe, ou qui en trompent d’autres, tous fort aimables, moins cependant que leurs femmes, veulent être sûrs que l’Impératrice ne sait pas qu’ils l’ont insultée dans les aboiemens de la dernière diète. Ils cherchent un regard du prince Potemkin, difficile à rencontrer : car le Prince tient du borgne et du louche. Les femmes sollicitent le ruban de Ste-Catherine, pour l’arranger avec coquetterie et faire enrager leurs amies et leurs parentes. On désire et on craint la guerre. On se plaint des ministres d’Angleterre et de Prusse, qui y excitent les Turcs : et on les agace continuellement. Moi, qui n’ai rien à risquer, et peut-être quelque gloire à acquérir, je souhaite la guerre de tout mon cœur ; et puis je me dis : puis-je souhaiter ce qui expose à tant de malheurs ? Alors je ne le désire plus, et puis un reste de fermentation dans le sang m’y ramène : un reste de raison s’y oppose. Ah ! mon Dieu, ce que c’est que de nous ! Il faudra peut-être vous écrire.

Mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre.
Dans la nuit du tombeau je suis prêt à descendre.

Cette idée m’afflige, car je veux vous revoir. Vous me tenez bien plus à cœur que tout Paris