Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/59

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ensemble. Ne voilà-t-il pas qu’on vient me chercher pour un feu d’artifice qui coûte, m’a-t-on dit, 40,000 roubles. Ceux de votre conversation ne sont pas si chers, et ne laissent pas après eux la tristesse et l’obscurité qui suit toujours les autres : j’aime mieux vos girandoles et votre genre de décoration.


LETTRE II.

De ma Galère.


VOILA le sort, Madame la Marquise. Je vous ai laissée au milieu d’une douzaine d’adorateurs qui ne vous entendent pas ; et moi, qui sais vous comprendre, je ne vous entendrai pas de long-tems. Me voici à 1200 lieues de vos charmes, mais toujours près de votre esprit, qui vient sans cesse se retracer à ma mémoire. Je vous vois envoyer un de ces messieurs pour faire mettre vos chevaux, vous impatienter du compte qu’il vous rend des siens, accabler un autre d’épigrammes et de plaisanteries ; permettre à un quatrième de vous suivre au spectacle ; encourager un cinquième dans son amour malheureux ; ne point désespérer le fougueux qui prend sa violence pour de la passion, et qui espère vous séduire en vous disant qu’il fait