Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/60

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sauter des fossés à son régiment : je vous vois enfin faire des frais pour un ou deux qui vous comprennent ; mettre votre esprit à fonds perdu avec les autres : mais je ne vois pas votre cœur en jeu dans tout cela. Deux ou trois menteurs de profession vous font des contes, dont vous n’êtes pas la dupe. Deux ou trois faiseurs se flattent de vous faire prendre leur parti dans les affaires qui commencent à s’embrouiller. Vous ne prenez que le parti des gens qui vous amusent : et vous adoptez pour opinions politiques celles qui vous inspirent les mots les plus piquans et les plus spirituels. Vous vous moquez du tiers et du quart : car il me semble que j’ai déjà entendu prononcer ce mot souligné à quelques-uns de vos ennuyeux notables. Les grands hommes de l’Amérique vous paroissent petits en Europe ; je ne les trouve pas non plus comme le vin de Bordeaux, qui n’a, pour être bon, qu’à passer la mer. Deux de vos adorateurs ont beau faire les bêtes pour vous convaincre de la passion que vous leur inspirez, un petit bout d’oreille les décèle encore comme plus aimables qu’aimans. Si, pour faire les aimables et les bons, ils ne donnent pas bientôt à gauche, rappelez-moi à leur souvenir. Si celui à côté de qui je suis logé s’égare jamais, ce sera par de bons