Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/61

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motifs : et lui seul méritera de l’indulgence. Ce cher Ségur n’est séparé de moi dans cette galerie que par une cloison. Comme nous parlons de vous ! Comme je lui dis du mal de quelques personnes dont il pense du bien, et à qui il est si supérieur ! Gare la philosophie ! Mais, encore une fois, il sera le seul qui n’aura que de louables intentions.

Grâce pour vous, pleine de grâces, si l’envie de vous amuser fait croire aux sots que vous n’aimez pas plus Henri IV qu’un ligueur, et Gaston de Foix qu’un cordonnier de Paris ; et point de grâce pour ceux qui vous jugeront mal.

Je crois que cette lettre partira de Krementczuck. Le nom n’est pas lyrique ; mais accoutumez-vous à tous ceux que Lulli, et même Rameau, n’auroient pu que psalmodier. Nous ce traversons pas un pays de bergerie, ni de vendangeuses ; mais cela vous est égal : vous n’êtes pas champêtre. De plus grands objets nous occupent : par exemple, de mon superbe lit je vois Pereveosloff, où le pauvre Charles XII a passe le Boristhène pour aller se cacher à Bender. J’attends la fin de notre navigation pour vous en rendre compte ; je ne m’étois jamais embarqué que dans quelque petite aventure, et je menois ma barque tout comme