Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/68

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comme malgré lui un petit trait de flatterie dont la tournure épigrammatique ne le rend que plus piquant.

On a lancé à l’eau trois vaisseaux, et je me suis amusé à me faire lancer aussi. Vous sentez bien que le bâtiment que je montois étoit un vaisseau de ligne. Les gazes, les blondes, les falbalas, les guirlandes, les perles €t les fleurs qui ornoient les baldaquins établis sur le rivage pour les deux Majestés, avoient l’air de sortir des magasins de mode de la rue Saint-Honoré. C’étoit l’ouvrage des soldats Russes, dont on fait des marchandes de modes, des matelots, des Popes, des musiciens ou des chirurgiens ; enfin tout ce qu’on veut, par un coup de baguette, qui n’est pourtant pas celui d’une fée charmante comme vous. Je m’en vais penser à vos enchantemens dans le pays des enchanteurs : nous partons dans l’instant pour la Tauride, où, si Iphigénie avoit été aussi aimable que vous, elle n’eût sûrement pas été sacrifiée, au moins de cette manière-là.