reur, l’état où je l’avois laiſſée. Elle
ſera morte, diſois-je triſtement, timide
comme je la connois, il n’en falloit
pas tant pour lui donner la mort. Elle
n’eſt donc plus, continuois-je, accablé
par cette refléxion cruelle ! Suzon
n’eſt plus ! Ah, Ciel ! Mon cœur, que
ces douloureuſes penſées avoient ſerré
d’abord, s’ouvrit bien-tôt après à un
torrent de larmes, & j’en verſois encore,
quand je vis entrer Toinette qu’on
avoit inſtruite de ma maladie. Sa vûë
m’épouvanta : je tremblois qu’elle ne
vint me confirmer un malheur dont je
ne doutois plus, & je mourois d’envie
de me l’entendre repéter de ſa bouche : il
n’en fut pas queſtion, & ſon ſilence ſur
ce ſujet joint à celui de tout le monde,
me fit croire que ma douleur pouvoit
être ſans fondement. J’en vins juſqu’à
penſer que Suzon en avoit peut-être été
quitte, comme moi, pour la frayeur.
Le chagrin que j’avois reſſenti de ſa mort, fit place à la curioſité de ſavoir ce qui s’étoit paſſé dans ſa chambre après mon depart ; mais c’étoit une curioſité que je ne pouvois ſatisfaire qu’après mon retabliſſement.
Les deux jours de repos que Madame Dinville m’avoit accordées, étoient