Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/179

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qu’alors qu’à la sourdine : tantôt derrière l’autel, tantôt devant, tantôt dans un confessionnal, rarement dans les chambres. L’idée de la liberté me flatta ; j’acceptai les offres, j’entrai ici.

En y entrant, j’étais parée comme une jeune fille qu’on mène à l’autel. L’idée de mon bonheur répandait un air de sérénité sur mon visage qui charmait tous les pères. Tous brûlaient de me voir, et chacun briguait la gloire de me le mettre. Je vis le moment où le festin de ma noce allait finir comme celui des Lapithes. — Mes révérends, leur dis-je, votre nombre ne m’épouvante pas ; mais je présume peut-être trop de mes forces : je succomberais, vous êtes vingt ; la partie n’est pas égale ; Je vais vous proposer un accommodement. Il faut nous mettre nus ! (Et, pour leur en donner l’exemple, je commençai la première. Robe, corset, chemise, tout partit dans la minute. Je les vis tous dans le même état que moi ; mes sœurs étaient aussi nues. Mes yeux savourèrent un moment le charmant spectacle de vingt vits roides, gros, longs, durs comme fer, et qui se présentaient fièrement au combat.) Allons, repris-je, il est temps de commencer. Je vais me coucher sur ce lit ; j’écarterai assez les cuisses pour qu’en accourant sur moi le vit à la main, vous m’enfiliez l’un après l’autre, car il faut que le sort règle le pas ; les maladroits n’auront pas à se plaindre, puisqu’en me manquant ils trouveront des cons touts prêts sur qui ils pourront décharger leur co-