Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/51

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Je voulus voir ce qui pouvait m’avoir fait faire cette chute : je cherchai, je trouvai. Figure-toi ce que je devins à la vue d’une machine qui représentait au naturel une chose dont mon imagination m’avait souvent fait la peinture : un vit ! — Un vit ! eh ! qu’est-ce que cela ? demandai-je à la sœur. — Ah ! me dit-elle, il ne tiendra qu’à toi de ne pas rester longtemps dans cette ignorance. Jolie comme tu es, que d’aimables cavaliers se trouveront heureux de pouvoir t’instruire ! Mais ils n’en auront pas la gloire : c’est à moi qu’elle est réservée. Un vit, ma chère Suzon, est le membre d’un homme ; on l’appelle le membre par excellence, parce qu’il est le roi de tous les autres. Ah ! qu’il mérite bien ce nom ! Mais si les femmes lui rendaient la justice qu’il mérite, elle l’appelleraient leur dieu, Oui, c’en est un ; le con est son domaine, le plaisir est son élément, il va le chercher dans les replis les plus cachés ; il pénètre, il s’y plonge, il le goûte, il le fait goûter ; il y naît, il y vit, il y meurt et renaît aussitôt pour le goûter encore. Mais ce n’est pas à lui seul qu’il doit tout son mérite. Soumis aux lois de l’imagination et de la vue, sans elles il ne peut rien ; il est mou, lâche, petit, et n’ose se montrer ; avec elles, fier, ardent, impétueux, il menace, s’élance, brise, renverse tout ce qui ose lui faire résistance. — Attendez, dis-je à la sœur en l’interrompant, vous oubliez que vous parlez à une novice ; mes idées se perdent dans votre éloge ; je sens que