Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/20

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or, ou or de lavage, traitée par le feu à la coupelle-obrussa, s’appelait aurum obrizum, aurum de auro, l’or de l’or, l’or par excellence, et l’usage a prévalu d’appeler l’or coupellé ophirium ou ophirizum.

Quant à Tharsis, l’incertitude est plus grande. Dom Calmet a cru que le mot Tharsis signifiait, en hébreu, la mer(20) ; il a traduit ire in ou ad Tharsis par « faire un voyage au long cours », et naves Tharsis, expression qui revient à chaque instant dans la Bible, par « vaisseaux de long cours ». Malgré la profonde science de Dom Calmet, et bien qu’en de nombreux passages des versions grecque, arabe, chaldaïque ou syriaque, le mot Tharsis soit, effectivement, traduit de l’hébreu par « la mer », il me paraît impossible d’adopter son opinion ; une foule de textes établissent clairement que Tharsis était un nom de pays ; les expression rois de Tharsis, enfants de Tharsis, marchands de Tharsis, vases de Tharsis, argent de Tharsis, aller à Tharsis, rapporter de Tharsis, ne permettent pas de voir dans Tharsis autre chose qu’un nom de pays ou de ville ; reste à déterminer la place de cette contrée ou de cette ville.

Il est incontestable que les navires tyriens et juifs s’armaient à Elath et à Esiongaber, sur la mer Rouge, et partaient de ces ports pour aller à Ophir et à Tharsis(21) ; ce qui exclut toute supposition d’un Tharsis dans la Méditerranée ou la mer Noire, et même ailleurs que sur les bords de la mer des Indes, soit du côté de l’Inde, soit du côté de l’Afrique. Or, dans plusieurs passages de Jérémie, d’Isaïe et du 3ème livres des Rois(22), le mot Tharsis a été évidemment regardé comme synonyme d’Afrique par Jonathan, qui