Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 112 —

champ de gueules ou menu-vair puis elle refaisait pour mon usage particulier toute l’histoire de sa race. En avaient-ils occis des mille et des cents ces aïeux dont elle était si fière ! Et les châteaux surpris, les forteresses conquises, les manants pendus haut et court…, cela ne pouvait se nombrer.

À l’heure qu’il était, toute cette vaillante lignée n’avait plus pour représentants directs que deux petits mirliflores d’officiers incapables d’aucune action d’éclat, si ce n’est d’emporter aux crocs de leurs moustaches le cœur d’une pensionnaire en vacances !… Et sur cette pensée, l’irascible demoiselle se lamentait, s’irritait, s’échauffait, s’épuisait, jusqu’à ce que sa gouvernante, la grosse Nise, vînt la morigéner, tout en lui épongeant le front et lui frappant dans le dos pour faire cesser sa suffocation.

Pauvre Nise ! quel excellent cœur c’était, et comme elle se multipliait pour accomplir sa tâche ! La baronne ne voulait aucune autre personne pour la servir aussi cumulait-elle les fonctions les plus diverses, depuis celle d’huissier de la porte jusqu’à celle de dame d’atours…, se tirant de tout à merveille sans bruit et sans murmure.

Un autre personnage moins utile à la vérité, mais de beaucoup plus important que la gouvernante, c’était Caraby, l’inséparable compagnon de Mademoiselle de Rouxy. Caraby mériterait à lui seul un chapitre, si j’osais m’attarder encore dans ma narration. Deux traits seulement pour vous peindre, à