parait n’était pas grande ; mais, placée comme je l’étais, je ne pouvais la voir qu’un peu obliquement ; je n’en distinguais pas moins très-bien ses traits, ses vêtements et jusqu’à la marque d’une cicatrice profonde qu’elle portait au front. J’eus vite fait de reconnaître qu’elle était très-maigre et que sa figure toute mignonne avait un air craintif qui remuait le cœur.
Sans m’arrêter à l’inconvenance que j’allais commettre en parlant haut à la fenêtre, je fis un signe amical à la fillette en lui criant :
— Bonjour, Mademoiselle…
L’enfant, voyant que je l’interpellais, devint rouge, rouge, et cacha son visage avec sa petite main pâle. Son geste si gracieux m’enchanta ; je continuai, bien décidée à lier connaissance :
— Dis-moi, Mademoiselle, est-ce vrai que tu es en prison là-haut et que ta bonne veut te faire mourir ?
C’était catégoriq et j’avais le droit de penser qu’enfin j’allais savoir à quoi m’en tenir ; mais, hélas ! ma demande, comme mon bonjour, resta sans réponse ; pourtant, la petite avait découvert sa figure et me regardait de nouveau attentivement, sans mot dire.
Ce mutisme prolongé commençait à refroidir ma bonne volonté à son égard et peut-être aurais-je fini par me fâcher du peu d’empressement qu’elle mettait à accepter mes avances, lorsqu’un incident vint changer la face des choses.