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CHAPITRE III.
Comment Marie Friquette passa la nuit de Noël.


De quelle façon la Vignolette s’y prit-elle une fois qu’elle eut l’argent en poche, pour faire accroire à ses parents qu’il lui appartenait légitimement ; comment parvint-elle à tirer de la bourse maternelle les douze livres dix-huit sous qui manquaient pour compléter ses achats ; je ne puis vous renseigner à cet égard. Cette histoire date de si loin, que beaucoup de détails doivent nécessairement avoir été omis par les conteurs successifs. Aunsi je continuerai ma narration sans trop m’inquiéter des circonstances que je ne connais pas. Donc, les quatre aunes de drap s’achetèrent, la robe se fit, et toutes les femmes du village, voire même les jeunes filles de Montmarlou, de Villarmougin et du hameau des Clercs bâtirent sur cet événement des tripots à faire sécher le gosier des plus bavardes.

Dans ces temps anciens, plus encore que de nos jours, la Noël était attendue avec impatience par toute la jeunesse des campagnes. D’ordinaire, c’était le soir de la messe de minuit que commençaient ces réunions joyeuses où filles et garçons prenaient leurs ébats simplement, honnêtement, sous les yeux des vieux parents tout regaillardis par cette gaîté et cet entrain.