Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 190 —

ses idées, son tempérament et les notions médicales qu’elle avait acquises. L’une agit par les fumigations, l’autre par boissons, frictions, applications variées ; celle-ci ordonna la chaleur, celle-là conseilla les rafraîchissants, toutes enfin tourmentèrent tant et si bien la patiente, qu’au coup de midi la fièvre chaude s’empara d’elle d’une telle force qu’elle perdit sur le-champ le parler et la connaissance.

À la première nouvelle de la maladie de Friquette, Catheline la Bardasse arriva bruyante et empressée. Bien des raisons l’engageaient à se hâter : d’abord, le bonheur de se mêler des affaires des autres, puis l’idée de tirer un parti fructueux et éclatant de son savoir ; enfin, par-dessus tout, le souci que lui causait sa qualité de créancière de la petite Vignolet. On pouvait croire que ce malaise subit ne serait que passager, mais si cependant il devenait grave… s’il devenait dangereux… s’il devenait mortel !… Certes, il y avait de quoi réfléchir : il s’agissait en fin de compte de sept écus !

Au fond de son âme, la Bardasse n’avait qu’un désir ramener la jeune imprudente à la santé pour ne pas perdre à la fois capital et intérêts. Il est possible même que les intérêts lui tinssent plus au cœur que la somme principale, étant donné les contes de Perrette que la vieille avait bâtis sur eux. Dans tous les cas, si un malheur devait arriver, la bonne pièce espérait bien faire dûment reconnaître par Friquette la dette qu’elle avait contractée, mais