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Maintenant qu’on connait l’homme, on comprendra facilement avec quelle anxiété la mère Colastique et ses encombrantes amies attendaient le retour du gros Jean, n’osant plus rien tenter pour soulager la pauvre Friquette dont l’état faisait pitié.

Enfin, vers la nuit, deux nouveaux arrivants entrèrent dans la maisonnette déjà pleine de monde, comme c’est la coutume chez les payans dès qu’il y a quelque part un malade en danger. L’un était le charbonnier, l’autre Gaspard le devin.

Sans perdre de temps en salutations, ce dernier se fit conduire de suite auprès de la malade. On y voyait à peine dans la petite chambre. La Colastique, toute pleurante, apporta une lampe.

Gaspard promena la lumière autour du visage empourpré de la jeune fille ; puis, avec la gravité d’un bonze, il accrocha le lampion à son clou et demanda cette fois-ci une assiette en terre, de l’eau et l’œuf d’une poule noire.

La Bardasse, qui brûlait de montrer son savoir, ajouta d’un air entendu qu’il serait bon de s’assurer si la poule noire avait les pattes jaunes. Tous les assistants, se bousculant pour mieux voir, chuchotaient mystérieusement entr’eux. Jean Vignolet sortit et rentra bientôt avec les objets demandés.

Alors le vieux versa l’eau dans l’assiette jusqu’à ce qu’elle fût aux trois quarts pleine, cassa avec mille précautions l’œuf, en murmurant des paroles que Catheline assura être du même latin que