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une heure après, il repassait au pas de course le pont de la Garatte en emportant le précieux paquet. Mais le temps s’était écoulé, et Marianne n’avait pu se rendre à la messe ce jour-là.

Après l’événement, étaient venus les commentaires. Toutes celles que la toilette du « Quinsonnet » avait éblouies ou écrasées, ne tarissaient pas de propos malveillants : — Le bon Dieu ne pouvait point bénir une fille qui avait le cœur de danser un jour où elle avait manqué aux offices…… Et on verrait bien…, et cela ne finirait pas ainsi…

Enfin, tout le monde la déchirait à belles dents.

Elle, pendant ce temps, travaillait à la ferme avec la famille Descolaz. Lallò, le plus fort et presque le chef de l’exploitation, tenait à tout. Lui, le rude ouvrier toujours prêt à lever un fardeau, à décharger une voiture, à lier des gerbes ou à les transporter, n’avait guère le temps de prendre du repos ; pourtant, depuis deux jours, il boitait d’une jambe ; c’était là un accident sur lequel il refusait de s’expliquer.


IX.

Un soir, à l’heure où grand mère et moi nous faisions la prière à haute voix, on frappa violemment à notre porte. La domestique se leva pour ouvrir, en demandant qui était là.

— Moi, moi, Pierre Descolaz, ouvrez vite, notre Lallò est presque mourant chez nous !…