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dans leurs suppositions, que ceux-ci finirent par croire que son cœur s’était tourné d’un autre côté et qu’il allait courtiser quelque autre fille de Saint-Alban ou de Bassens.

S’ils eussent été moins éloignés de la maison des Couter, ils auraient su que, loin d’oublier sa prétendue, leur garçon passait chaque dimanche toutes les heures de liberté auprès d’elle.

Il semblait, du reste, redevenir gai et parleur comme aux premiers temps de leurs amours, et ce qui était tout à fait extraordinaire, c’est qu’il était parvenu à apaiser un peu l’ire de la Clinon. On pouvait même prévoir le temps prochain où elle lui ferait un accueil relativement gracieux.

C’est que Claude, depuis sa rencontre avec Paul Guidon, n’arrivait plus les mains vides : tantôt ceci, tantôt cela, le jeune homme trouvait toujours un prétexte pour apporter quelques menues friandises auxquelles la mère Couter faisait grand honneur. Un jour même, le canonnier posa sur la table une bouteille d’eau-de-vie, en disant que rien ne guérirait mieux les maux d’estomac de la vieille femme qu’un doigt ou deux de goutte de temps en temps. Cette fois-là, Claude parut se croire tout de bon de la famille, tant sa future belle-mère lui fit des protestations d’amitié.

Eh bien ce qui aurait dû combler d’aise la Maurise la rendait, au contraire, triste et soucieuse ; sans bien s’en rendre compte, la conduite nouvelle de Claude la tourmentait ; elle ne pouvait compren-