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dre ce qui motivait ce changement si brusque d’humeur, puis ces cadeaux, bien modestes, il est vrai, mais qui se renouvelaient si souvent… Comment se procurait il l’argent nécessaire pour en faire l’achat, car la jeune fille en savait assez sur les Porraz pour croire que toute cette provende ne venait pas de chez eux. Et alors ?… Elle avait essayé de faire parler Claude ; mais celui-ci, toujours sur ses gardes, ne s’était point embrouillé dans ses réponses, et la Maurise avait dû se contenter des explications que son fiancé lui donnait.

Quant à Bernard, il comptait si peu dans la maison, que personne ne lui demandait son avis, et, pensa-t-il bien ou mal, il jugeait plus prudent de laisser faire ce qu’il ne pouvait empêcher.

Pourtant, les jours et les mois se passaient.

La nouvelle récolte s’annonçait bonne, les paysans reprenaient confiance, les visages s’épanouissaient un peu en voyant les riches promesses de la terre, et plus que tout autre, Claude paraissait franchement heureux. Depuis quelque temps surtout, on eût dit qu’un espoir grandissant lui redonnait force et courage ; il parlait plus souvent de mariage à la Maurise, l’assurant qu’ils seraient plus tôt mariés qu’elle ne le croyait, et que certainement avant l’autre carnaval, c’est-à-dire avant quinze mois, ils seraient mari et femme.

— Comment peux-tu me parler comme ça, Daudon ? lui dit-elle finalement un jour. Tu sais bien que nous ne sommes pas plus avancés à présent