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qu’il y a sept ans : tu n’as rien, ni moi non plus…

Et de grosses larmes vinrent aux yeux de la pauvre petite.

— Maurise, ne te fâche pas de mes paroles, reprit Claude tout attristé des larmes de la jeune fille, ce que j’ai dit, je le maintiens, tu me connais assez pour savoir que je ne parle pas en l’air !

— Et alors, avec quoi comptes-tu payer les dépenses et nous mettre en ménage ? demanda un peu brusquement la Maurise. Voyons ! explique-toi une bonne fois, moi je ne puis plus tenir comme ça…, réponds donc, avec quoi ?…

Claude, pris au piège, et désireux de convaincre sa fiancée, tira de sa poche un écu presque neuf, et le faisant reluire fièrement au soleil, il répliqua :

— Avec quelques douzaines de ceux-là !…

En voyant la pièce blanche, la Maurise avait pâli.

— Oh ! malheureux ! où as-tu pris ça, où as-tu pris ça ?… dit-elle. Et tremblante, elle secouait le bras de Claude pour le presser de répondre.

Celui-ci se rapprocha d’elle.

Ne te tourmente pas, mie, lui dit-il d’un ton soumis et caressant. Je sais bien que j’ai eu tort, que je devais tout te dire puisqu’on est pour être mari et femme… mais, vois-tu, dans les premiers temps je t’ai caché les choses parce que j’avais crainte de t’ennuyer et que tu me fisses renoncer à mon idée… Tu sais bien, continua-t-il, que si je ne m’aide pas de moi-même, il faudra passer toute notre jeunesse l’un sans l’autre… Alors, j’ai fait à ma tête… et voilà tout.