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Eh bien ! à présent, dis-moi de quoi il s’agit, reprit la paysanne, et s’il n’y a point de mal à faire ce que tu fais, je te promets que je te laisserai libre de gagner de quoi nous marier et que je te garderai le secret.

Oh ! Maurise, se récria Claude, tu peux bien penser que je ne veux faire de tort à personne et que, quand ce serait encore pour nous mettre tous deux chez nous, je ne prendrais pas deux liards à un enfant. Ne me connais-tu pas, mie… depuis le temps qu’on se parle ! acheva le jeune homme d’un air un peu fâché.

— Que si, Daudon, que si je te connais ! et je ne veux pas te faire de la peine, mais que veux-tu ? quand on ne sait pas, on pense tout de travers… Voyons, pria de nouveau la jeune fille, soit franc dis-moi ce que c’est.

Claude, un peu décontenancé, mais se sentant forcé de parler, mit sa bouche tout près de l’oreille de la Maurise.

— Je me suis fait contrebandier, prononça-t-il à demi voix.

— Oh ! Jésus ! Marie ! nous sommes perdus, murmura la pauvrette. Contrebandier ! mais tu vas te faire tuer, mon Daudon, tu vas aller par les galères ! Ah ! pauvre moi ! Contrebandier ! Je ne veux pas que tu fasses ce métier-là, entends-tu ? Je ne veux pas ! J’aime cent fois mieux rester fille le reste de mes jours que de te savoir par les routes toutes les nuits avec les gâpians à tes trousses… Et puis,