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marcher très vite. Paul ne s’était pas trompé ; les contrebandiers étaient surveillés, et plus ils pressaient leur marche, plus les ombres qui les poursuivaient gagnaient du terrain.

— Filons, et lestement, Daudon.

Et tous deux se mirent à courir à toutes jambes. Ils eurent bientôt distancé les poursuivants et, pour les dépister, se glissèrent sous le pont Dégala. Il y avait au-dessous du tablier de ce pont une petite excavation bien connue des contrebandiers et qui servait souvent de refuge à eux et à leurs ballots, suivant les circonstances.

La tradition rapporte, à ce sujet, qu’il existait autrefois une communication souterraine entre ledit pont et une maison voisine qui servit plusieurs fois d’asile à Mandrin et à sa bande. Quelques personnes du pays racontent même, pour l’avoir entendu dire à leurs ancêtres, que le célèbre brigand y séjourna assez longtemps en compagnie d’une maîtresse que les habitants de la localité désignaient sous le nom de la dame aux grands talons !

Favorisés par l’obscurité, les jeunes gens purent disparaître sans avoir été aperçus, et ce fut avec une certaine satisfaction qu’ils entendirent ce petit colloque des douaniers passant au-dessus d’eux :

Que diable sont-ils devenus, Pinet ?

— Tu leur as vu prendre la patelle. Sois sûr que c’étaient bien des contrebandiers et que nous avons été reconnus.