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ils ne furent plus qu’à quelques pas de la voiture.

Aussitôt la scène changea. Les jeunes gens virent deux ombres quitter la route et fuir à toutes jambes à travers champs.

Les lapins se sauvent, dit Paul ; c’est du gibier de carabiniers, et nous ne sommes pas à la chasse. Voyons plutôt le mal qu’ils ont fait ou voulaient faire. Ce disant, il donnait du pied contre une masse noire qui se débattait à terre.

— En voilà déjà un, reprit-il, en essayant de relever l’individu qui gigottait.

— Et moi j’en tiens un autre, dit Claude en remettant sur pied un second personnage.

— Avez vous du mal ?

— Qui êtes-vous ?

— Que vous est-il arrivé ? demandèrent ensemble chacun des jeunes gens.

Un des voyageurs put enfin se débarrasser d’un bâillon qu’on lui avait mis dans la bouche et répondre à ces différentes questions.

Le véhicule était celui de milord Wilman, voyageant en poste et venant de Turin. Malgré la célérité des chevaux, la route ayant été empierrée à frais, on n’avait pu arriver plus tôt à Chambéry, le seul endroit où un voyageur de ce rang pouvait décemment loger. En arrivant dans la plaine de la Madeleine, deux individus étaient sauté au cou des chevaux, avaient fait descendre le postillon, l’avaient bâillonné et lié ; la même chose avait été faite pour l’Anglais, et tous deux, couchés sur le