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se retrouvèrent sur pied. Après avoir encore pris un repas, le postillon monta sur son cheval, l’Anglais et Claude dans la voiture, et l’équipage reprit au grand trot la route de Chambéry.

Les deux premiers avaient pu dormir, et ce sommeil réparateur les avait remis dans leur état normal, mais il avait été impossible au jeune paysan de fermer les yeux. Toute la matinée, il avait songé à l’inquiétude que devaient avoir ses parents sur son absence prolongée, et peut-être aussi sa chère Maurise. Combien il regrettait d’avoir promis d’attendre, au lieu de courir les rassurer tous. Chaque minute lui paraissait des heures.

Le brave garçon ne s’était pas trompé dans ses suppositions. Quand le père Porraz eut reconnu que son fils n’était pas venu coucher, il avait commencé à grommeler dans la maison, puis il était descendu chez les Couter, pensant qu’il y avait passé la nuit à blonder. Son intention était de lui donner une forte semonce, car il lui était arrivé quelquefois de rentrer tard, mais il ne découchait jamais, à moins de causes sérieuses, et toujours il en prévenait ses parents à l’avance.

Quel ne fut donc pas l’étonnement et le désappointement du père Porraz quand on lui apprit que l’on n’avait pas vu son garçon depuis la veille, à la tombée de la nuit. Il s’en retourna très inquiet en ruminant toutes sortes de suppositions, sans cependant aborder celle de la contrebande et de ses dangers, puisqu’il ne connaissait pas les engagements de son fils à ce sujet.