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Il n’en était pas de même de la pauvre Maurise, et le père Porraz, en venant réclamer son fils chez les Couter, ne se doutait pas du mal qu’il venait de faire à la jeune fille. Elle savait bien, elle, que son fiancé était parti pour faire un voyage de contrebande, et elle avait tout droit de croire qu’il lui était arrivé un malheur. Ah ! comme elle se reprochait d’avoir été aussi faible et d’avoir encore autorisé cette dernière course qui devait lui être si fatale. À coup sûr, son Daudon gisait dans quelque coin, tué par ces vilains gâpians… ou bien il avait été pris par eux, et, pour le moment, il était en prison en attendant qu’on l’envoie aux galères. Et, dans ces tristes alternatives, la pauvre enfant pleurait toutes les larmes de ses yeux.

C’était un dimanche, impossible de penser à aller à la messe dans cet état ; elle était donc restée toute la journée avec ces sombres pensées, sans vouloir les communiquer à ses parents, et regardant à chaque instant dans le lointain, espérant toujours voir arriver son amoureux.

Enfin, la voiture roulait vers le village et ce grand chagrin devait se changer en grande joie.

Pendant le trajet, milord Wilman remercia de nouveau chaleureusement Claude du secours que, lui et son compagnon, lui avaient donné dans la nuit et lui offrit un rouleau de pièces d’or comme gage de sa reconnaissance.

Le brave garçon ne voulait pas le recevoir. Il lui semblait que ce n’était pas de l’argent gagné, ou